Revolution, nous revoici en France semble-t-il ! Il y a pres de 10 mois nous quittions Paris en plein hiver, enveloppes pour l'occasion de vieilles frippes mangees par les mites et destinees a la premiere poubelle thailandaise venue. Cette fois c'est un genereux soleil qui nous accueille a Noumea, un bon presage pensions-nous.
Apres un survol prometteur des magnifiques lagons caledoniens nous filons tout droit au Port Moselle ou reside notre hote d'un ou deux soirs, un biologiste marin ayant traverse le monde pour s'installer un temps sur le caillou.
C'est helas a ce moment que notre bonne etoile decida de se mettre en veille : notre hote ne capte plus nos appels et nous sommes bien en peine de reconnaitre son bateau au mouillage depuis la jetee, Hortense se sent soudainement nauseeuse... Il est temps de filer a l'unique auberge de jeunesse de la ville, traversant un Noumea deserte en raison du WE (il est tout de meme 16h un samedi et les magasins ferment). Ce sera notre point de chute 3 nuits durant, le temps pour Hortense de se refaire une sante et de nous familiariser avec nos chers compatriotes. Car 10 mois en Asie suffisent a changer franchement nos habitudes : un service a toute heure, une vie bouillonnante dans des rues jalonnees de stands de cuisine, des sourires sur les visages, une retenue et une douceur tellement apaisantes. Le contraste ici est saisissant...
Quitter Noumea au plus vite pour enfin decouvrir les merveilles annoncees de ce pays. Nous partons vers le Nord, sous la grisaille et les bourrasques. La pluie surgit des la premiere sardine plantee et ne nous quittera plus. Le tour de grande terre se fera depuis l'interieur de notre petit vehicule ou bien abrite sous notre tente. Plusieurs bons moments ponctuent cependant cette premiere semaine : tout d'abord des paysages qu'on devine fantastiques, chaque jour des nouveaux sites de camping les pieds dans l'eau sans autres voisins que les crabes noctambules, la traversee de la Ouhaieme (une riviere) sur le seul bac encore en service au milieu d'un brouillard nous masquant l'autre rive ... comme dans un reve, le retour des coquillettes jambon fromage de notre enfance....
De nouveau a Noumea, nous rencontrons enfin notre hote couchsurfer le temps d'une nuit sur son joli 13 m, d'un diner sous les etoiles et de quelques recits de voyage. Le lendemain nous embarquons sur le cargo faisant la tournee des iles Loyaute. Ce sera Lifou tout d'abord, la plus grande des Loyaute, la terre de Christian Karembeu.
La sublime plage de Luengoni au sable blanc et fin comme de la farine, les falaises de Jokin au nord et les recifs du nord ouest, lieu de deux superbes plongees seront notre decor le temps d'une semaine.
Nous decouvrons egalement des habitants d'une extreme gentillesse, tres souriants, toujours prets a nous prendre en stop et echanger quelques mots sur leur tribu, les kermesses ou mariages rythmant les saisons...
Mare est a peine plus petite que Lifou et aussi bien pourvue en sites paradisiaques. Elle reste cependant beaucoup plus sauvage et delaissee par les touristes. J'y fete mes 31 ans autour d'un excellent bougnat (ignames, patates douces, citrouilles et viandes immerges dans du lait de coco. Le plat est entoure de feuilles de bananier elles memes ligotees par des feuilles de cocotier. Tout cela cuit lentement a meme le sol, dans un trou recouvert de braises, le resultat est sublime). Nous rencontrons un charmant couple de Clermont avec qui nous quadrillons l'ile a la recherche des differents trous d'eau (des cavites qui se sont effondrees sous la pression de l eau a l epoque ou toute l ile n etait qu un immense recif affleurant) et ce jusqu'à l 'extreme nord de l'ile ou nous posons notre tente.
Au gite Seday, nous arrivons en pleine construction du fare (grande hutte destinee aux repas collectifs, aux fetes ...). Pour l'occasion, et afin de nous preserver une part de vie privee durant ce WE nos hotes nous proposent tres gentillement de troquer notre tente pour un joli petit bungalow juche sur son ilot de 30 m2 auquel nous accedons via quelques lattes de bois. Grand retour du confort pour quelques nuits et a nouveau le seul bruit des vagues pour berceuse.
Pendant ce temps, le fare prend corps. Une quarantaine d'homme d'une tribu voisine sont juches sur le toit et en tapissent la structure de bottes de feuilles de cocotier qu'ils serrent les unes aux autres. Tel quel, le fare tiendra pres de 7 ans. Pas de plastique, pas de metal, pas de tuiles, 100% bio !
Mais le fare n'est pas qu'une hutte, c'est egalement un lieu de vie et un symbole fort de l'identite kanak, de la vie communautaire en tribu. Son inauguration donne lieu a une coutume, moment de recueillement, de remerciements echanges entre le proprietaire et le chef des bâtisseurs et de partage des valeurs de ce peuple. Pour l'occasion, je suis designe pour aller chercher un bouquet de fleurs installe en haut du toit au debut des travaux. Je grimpe, glisse, m'agrippe aux tresses de cocotiers et met la main finalement sur mon graal que j'offre au chef des batisseurs accompagne d'une bouteille de rhum. La fete peut commencer. Voire continuer considerant les marmites qui ont defile tout le WE. Greve de la dietique, manifestations de grillades a tout bout de champ, une joyeuse pagaille genereusement alimentee par notre hote. Autour de nous, tout le monde parle le doux dialecte de Mare. Comme a Lifou on se retrouve etrangement loin de la France.
C'est donc avec un vrai pincement au coeur que nous quittons Suzanne, Jacky, leur famille ... et notre bungalow, pour Noumea une nouvelle fois.
Un dernier tour dans le sud de grande terre pour contempler les montagnes rougies par les poussieres de laterites et rognees par les trous des mines et nous reprenons la route de Sydney.
Un grand merci à Manu, Gue et a leurs 2 jolies coccinelles pour leur accueil tres chaleureux a Noumea !
samedi 13 novembre 2010
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