mercredi 16 mars 2011

Trekking dans la Cordillera de los Frailes

1er jour : en route sur les chemins préhispaniques
Depart au petit matin. Impossible de dormir la nuit d'avant a cause des anglais bourres a la biere du Carnaval. Reveil a 4h mais pas de taxis. Ils ont aussi trop picoles.
Départ a 7h finalement. Les voitures peinent sur la route boueuse du col.
Debut de trek sur une route inca préhispanique dans le brouillard, apres un delicieux petit dejeuner de "appi" (pate de mais aromatisee a la canelle accompagnee de bananes).
Longue descente qui s'acheve par un dejeuner au bord de la riviere. Les strates geologiques aux couleurs pourpres, ocres et brunes se detachent sur les falaises qui bordent le chemin. Notre piste se resume parfois a un fin trajet boueux bordant un precipice peu engageant. La journee se termine par une longue montee qui borde une cascade a etage. Sur la route, notre guide nous explique les proprietes des herbes aromatiques et les legendes quechuas. Selon les indiens, le monde se divise en 3 parties : le ciel, la terre et le monde des enfers ou regne le diable et des animaux magiques.
Les canyons que nous traversons, appartiennent aux royaumes des demons. Les quechuas protegent les lamas des mauvais esprits par des pompoms colores comme talismans.

Plus de 70% des Boliviens vivent a la campagne. Ici se trouve la veritable bolivie. Nous passons une averse dans une maison de boue bordee par un enclos de chevres. Les paysans nous offrent la traditionnelle chicha carnavalesque (boisson de mais fermentee passée de main en main et dont quelques gouttes sont toujours donnees avant en offrant a Pachamama. Seul hic, nous devons finir le saut entier de chicha pour ne pas offenser nos hotes. Ravis par notre soif, ils insistent pour nous faire gouter les differentes chichas qu'ils ont preparé. Pachamama recoit de plus en plus d'offrandes de notre part (on en jette plus par terre pour suivre...).
Notre campement est situe sur une vaste prairie que traverse des troupeaux de chevres et d'annes. Dans la nuit, on entend les bergers jouer de la flute.



Le 2e jour se deroule dans un immense cratere aux strates geologiques rondes comme des petales. Petite pause dans la gorge du diable pour admirer une cascade vertigineuse. La coca transportee par notre guide est offrete a chaque paysan pour s'accorder ses bonnes graces. Comme au Nepal, nous sommes regardes comme des betes curieuses par les passants. Les indiens refusent qu'on tire leur portrait de peur que nous volions leur ames. Pas de photos des passants donc.
On dejeune en haut du cratere puis nous poursuivons notre chemin jusqu'à des traces de dinosaures. Notre campement sera a cote d'une village avec vue sur les Andes. Nous jouons au foot avec les enfants du coin. Une vieille femme vient nous parler en quechua. Comme elle se passe le doigt sous la gorge avec insistance, nous nous disons qu'elle est tres fachee par nos tentes. Le guide qui la croise nous explique qu'elle cherchait seulement des allumettes.


Le 3e jour, nous nous levons au point du jour afin d'atteindre Potolo avant le départ des transports locaux. Un peu en retard on finit par trouver un coffre de pick up accueillant pour les derniers km.
Mais nous sommes loin d'etre arrives. Nous nous retrouvons au milieu d'un camion local en direction de Sucre qui se remplit comme un oeuf au fur et a mesure du trajet. Nous sommes pres de 80 personnes entasses avec 2 chevres et 2 moutons. Toute une scene de comedie se deroule sous nos yeux. Le vieil alcoolique qui s'endort sur la tete du monton qui commence a braire sauvagement. La marchande de peches qui refuse obstinement que qui que ce soit s'assoit sur ses sacs alors qu'elle meme est assise dessus. Jerome finit a l'arriere du camion, moi meme sur le rebord de la bene accrochée a une arche de fer qui se rompt en chemin. Un enfant est assis entre mes 2 jambes, sa mere se tient a mon genou droit pendant qu'une vieille s'accroche a mon genou gauche.



 C'est un miracle si nous ne versons pas sur la route boueuse. Nous sommes finalement arretes par une embouteillages. Les bus sont tirés par un tracteur. Ouf pause toilettes inopinee. Quand notre camion passe enfin, il ne s'arrete pas et tout les passagers se courent derriere.
Nous arrivons a Sucre avec un bon coup de soleil apres 6h de transport. En tant que touriste, nous rigolons de cette aventure, cependant certains locaux font ce trajet infernal tous les jours parfois dans la même journee pour vendre leurs produits au marche. Voir des personnes agees debout stoiquement pendant des heures au soleil donne a reflechir...

dimanche 13 mars 2011

Carnaval sous l'eau a Potosi et Sucre


Potosi, la plus haute ville du monde à 4000m. Nous avons le souffle court pour chercher un hotel avec nos sacs à dos. Etrange effervescence.
Pistolets en bandouliere et bombes a eau plein les mains, des enfants parcourent les rues comme des bandes de pirates.
C'est le carnaval !
Une fête majeure ici. L'occasion d'une debauche de danses et de batailles d'eaux a travers le pays.

Nous assistons a une parade de chulettas en tenues traditionnelles : chapeaux melons, et jupons, 2 nattes au bout desquelles sont  sont pendues des pompons virvoltent,  pendant que des fanfares les serrent de pres.

Les Boliviens revetent leurs meilleurs atours. Ces habits sortis d'un autre age sont encore quotidiennement portes. Dans les rues, les vieilles dames portent des enfants dans des grands chales multicolores, des hommes passent avec des chapeaux en feutre ornes de dessins de lamas.
Petit dejeuner au marche dans un stand crasseux mais tellement chaleureux. Beignets (bunelos) accompagne de sandwichs au fromage de chevres.

Le 2e jour du carnaval est reserve aux enfants qui sont deguises comme des poupes : abeilles, poussins, pirates, robots... Tout y passe. Un repis avant la reprise des batailles d'eau infernales. Impossible de rester sec. Sans change a 4000m d'altitude, il fait vite tres froid.


Nous decidons de partir pour Sucre afin de changer d'air mais nous avons été charmé par l'architecture coloniale de Potosi, son marché et ses petites ruelles pleines de vie semblables a certaines villes asiatiques que nous avons traversées.
Mais a Sucre, meme combat. La guerre continue. Nous devenons de plus en plus paranoiaque. Des seaux d'eau peuvent tomber des toits a tout instant. Nous slalommons pour eviter les fanfares qui quadrillent les rues comme des milices. Nous partons nous refugier dans la montagne. Au moins si nous sommes mouilles ce sera a cause de la pluie...


4 jours au paradis : entre volcans, lagunes et mer de sel


Enfin la Bolivie. Nous en revions depuis le debut du voyage. Passage de frontière carnavalesque a Villazon. Les boliviens passent a nos cotes en transportant toutes sortes de produits sur des charrettes immenses. Pendant ce temps, nous faisons la queue. Nous sommes grilles par des personnes ayant des piles de passeports. Nous attendons en préférant rigoler plutot que s'enerver. Certains touristes disent avoir été bloqués par les douaniers 12h...Il y a un marathon qui se deroule a travers la frontiere. Des coureurs passent au milieu de la foule. Surrealiste !

Finalement, apres 2h d'attente, nous atteignons la station de bus decatie ou les rabatteurs nous harcelent.

Arrivee a Tupiza, point de depart des treks pour le salar d'Uyuni. Nous signons pour 4 jours. Notre cuisiniere est une intarissable bavarde. Pour toute reponse a sa melopee, notre chauffeur se gave de feuilles de coca et sort quelques monosyllabes.

1er jour : Sud Lipez
Ici la saison des pluies a serieusement affectee la piste qui part en devers dans la montagne. Nos roues arrieres sont lisses. Derapages controles a cote de quelques precipices pour nous faire chavirer le coeur. Nous ne nous enlisons qu'une fois.

La region du Sud Lipez est desertique.  Nous passons des canyons a la terre rouge (quebradas) semblables au Nord de l'Argentine. Puis le paysage devient plus aride. Les routes ressemblent à la Patagonie : montagnes enneigés couvertes de touffes d'herbes brulees par le soleil.


1er nuit dans un petit village. "Vous avez combien de lamas ?" nous demandent les enfants. Déçus d'apprendre que nous n'avons ni lamas et ni anes, ils s'enfuient en courant.

2e jour : En route vers la laguna colorada
Départ au petit matin. Lever du soleil sur la route enneigée dans la brume matinale à 4000 mètres. 1ers lacs et volcans. Toutes les heures, nous courons aux toilettes à cause de l'altitude. Le désert ne permet pas une grande pudeur...


Déjeuner à la laguna verde face au volcan Licancabur qui culmine a 6000m. "Aqui solo el viento corre" (Ici seul le vent coure) - et quelques touristes accessoirement.


Stop devant des geysers a 5000m. Toute notre equipe se met serieusement a macher de la coca avec du bicarbonate pour eviter le mal de tete.


Magie de fin d'apres midi. Decouverte de la laguna colorada : rouge, bleue avec ses milliers de flamands roses et toujours ses touffes d'herbes si caracteristiques.

3e jour : En transit vers le salar
Arbre de pierre, vallée aux roches etranges et encore des lagunes colorées chargées de mineraux. Nous passons la soiree dans un hotel de sel dans l'attente du salar.







4e jour : Dans le desert de sel
Nouveau reveil a 4h30 pour atteindre le salar avant le lever du soleil. Purs moments de bonheur. L'impression que la jeep s'est transformée en bateau.


Nous nous gelons les pieds a faire des figures dans l'eau ou a jouer avec les perspectives. Pieds brules par le sel. Nous nous emerveillons des changements de couleurs lies au soleil et aux nuages. Quelques personnes sont venues en velos. Un groupe de japonais loufoques fait des figures tout nu. Tout le monde y va de son petit quart d'heure de folie. Retour sur le toit de la jeep. Au loin des ouvriers ramassent le sel.


Retour a Uyuni, ville un peu glauque construite pour les touristes au milieu de nulle part. Vite vite apres une bonne douche partons pour Potosi.